INTERVIEW - Xavier Bertrand présente les pistes d'une profonde réforme de l'éducation.
Le premier «Rendez-vous pour la France» de l'UMP a lieu aujourd'hui sur le thème de l'éducation. Xavier Bertrand, son secrétaire général, dévoile les principales propositions de la majorité. La semaine dernière, Jean-François Copé a lancé la piste d'un examen d'entrée en 6e. Quelle est votre position sur le sujet ?
Notre objectif est clair : 100 % des élèves doivent maîtriser les savoirs fondamentaux dès la fin du CE1. Pour cela, nous souhaitons une meilleure responsabilisation de tous les acteurs, par le biais d'une signature d'un « contrat d'objectifs » signé entre les recteurs et les directeurs d'école primaire. Nous proposons également d'initier des expériences pilotes avec les méthodes nouvelles d'apprentissage qui produisent les meilleurs résultats. En tout cas, lors des travaux préparatoires aux débats d'aujourd'hui, nous avons ressenti une demande de mobilisation totale pour la lecture et l'écriture.
Et pour ceux qui n'auront pas acquis ces fondamentaux ?
Les élèves de CP-CE1 en difficulté pourraient bénéficier d'un système de rattrapage soutenu, notamment pendant les vacances scolaires. Nous proposons que les enseignants puissent effectuer des heures supplémentaires sur la base du volontariat pour accompagner les élèves en difficulté. Nous avons l'intention de proposer aux enseignants de nouveaux choix de plans de carrière.
Rejoignez-vous les critiques qui s'élèvent contre le collège unique, notamment celles du Haut Conseil à l'éducation ?
Il faut passer du collège unique au collège pour chacun. Un collège unique avec une pédagogie unique, un encadrement unique, n'a pas fait la preuve de son efficacité. Tout d'abord, il faut mieux accompagner le passage de la fin du primaire au début du collège. Les élèves de 6e et 5e doivent avoir moins d'enseignants différents mais qui doivent passer plus de temps avec leurs élèves et être plus polyvalents. Par ailleurs, la deuxième partie du collège doit être moins monolithique. On pourrait notamment instituer dès la 4e une « prépa-pro » pour les élèves tentés par la filière professionnelle, c'est-à-dire une extension du module de découverte professionnelle dès la classe de 4e.
Comment renforcer l'autorité à l'école ?
Le rôle de l'école est l'instruction et l'éducation des enfants est avant tout entre les mains de leurs parents. À cet égard, la suspension des allocations familiales en cas d'absentéisme est un élément fondamental de responsabilisation. Il me paraît aussi important d'établir une charte de la scolarité entre l'école et la famille : chaque année, les parents pourraient signer ce document lors d'un entretien. Concernant la discipline, plutôt que certaines sanctions types, je crois aux vertus des travaux d'intérêt général dans l'établissement ou au sein d'associations sportives ou de quartiers. Enfin, la présidence du conseil d'administration de l'établissement pourrait être proposée à un parent d'élève ou à une personnalité qualifiée.
Souhaitez-vous renforcer l'autonomie des établissements scolaires ?
C'est un des thèmes dont nous allons effectivement débattre aujourd'hui. Je crois à une généralisation du programme « CLAIR » qui prévoit le recrutement de professeurs par le chef d'établissement.
À l'autre bout de la chaîne de l'éducation se trouvent l'université et l'insertion professionnelle…
L'école au sens large doit permettre de se préparer à la vie professionnelle. Or, les 120.000 à 150.000 jeunes qui chaque année sortent du système éducatif sans qualification expliquent aussi le taux de chômage très important des jeunes dans notre pays. Nous proposons de rendre obligatoire la publication des débouchés professionnels des filières de l'enseignement supérieur.
Peut-on imaginer une école à la carte, adaptée à chaque élève, avec un chèque éducation qui donnerait le choix aux familles ?
C'est tout le contraire que nous souhaitons car nous défendons avant tout l'école républicaine ! Si l'on va dans le sens d'une éducation à la carte, l'on creusera encore plus les inégalités ! En revanche, bien entendu, la liberté de choix entre le privé et le public est fondamentale.